L'église Sainte-Marguerite-de-Blairfindie de L'Acadie

La tradition des chemins couverts 

Texte reproduit du site de la fondation du patrimoine religieux du Québec 
patrimoine-religieux.qc.ca
patrimoine-religieux.qc.ca/smaracadie/smaracadief.htm
(le lien n'est plus opérant)


L'enclos paroissial de Sainte-Marguerite-de-Blairfindie de L'Acadie forme un tout à valeur patrimoniale exceptionnelle. Tous les éléments importants de l'architecture traditionnelle québécoise y sont représentés et constituent un ensemble indissociable. L'église de plan en croix latine aux croisillons réduits formant un transept de petites dimensions, la sacristie axiale, le chemin couvert reliant sacristie, presbytère et église, le presbytère lui-même et finalement le cimetière en relation directe avec le bâtiment, comme c'est la tradition à l'époque, tous ces éléments sont en étroite symbiose. 

L'histoire de ce que l'on peut pratiquement appeler un «complexe religieux» débute avec l'érection canonique de la localité en 1784. Des colons habitent le lieu depuis 1753. Une dizaine d'années plus tard, l'arrivée d'Acadiens déportés par les Anglais complète ce noyau initial et explique le vocable choisi au moment de la constitution de la paroisse. 

Un édifice de style traditionnel québécois

On construit d'abord, dès les années 1780, un ensemble presbytère-chapelle. La construction de l'église proprement dite débute le 2 septembre 1800 avec la bénédiction de la première pierre par le curé de Saint-Philippe, paroisse voisine, Louis-Amable Prévost. La maçonnerie et la charpente sont terminées un an plus tard et une messe est célébrée le 23 décembre 1801. 

L'ensemble reprend les éléments caractéristiques du style traditionnel québécois et rappelle, par son ordonnance générale, des églises comme Saint-Paul de Joliette, Saint-André de Kamouraska, Saint-François-de-Sales d'Odanak, Notre-Dame-des-Victoires de Québec ou encore la première chapelle du sanctuaire du Cap-de-la-Madeleine.

Un décor intérieur réalisé par deux artistes de talent

Une fois le gros-œuvre assez avancé, on entreprend les travaux d'aménagement intérieur. Une première campagne de construction se poursuit jusqu'en 1809. C'est Jean-Georges Finsterer, entrepreneur du lieu, qui dirige le chantier. Il réalise la fausse voûte en bois, le lambrissage, l'entablement et le retable à quatre pilastres du chœur, installe le maître-autel, le tombeau et le tabernacle, alors que son fils se charge, dès 1811-1812, de la réalisation des deux autels latéraux. 

Une seconde campagne de travaux de décoration a lieu entre 1850 et 1852, sous la direction de Jean-Baptiste Mailloux. Ce dernier sculpte les panneaux du sanctuaire et supervise l'agrandissement de la tribune arrière. On sent, dans cet ensemble décoratif, l'influence de l'atelier de Louis-Amable Quévillon, si important dans l'aire d'influence des chantiers de la grande région montréalaise. C'est durant cette campagne de mise en valeur de l'intérieur que l'on réalise les magnifiques médaillons peints de la voûte. Œuvres peu documentés, ils mériteraient une étude plus approfondie. 

Un des plus beaux chemins couverts au Québec

Malgré la grande qualité de ses éléments de détail et la beauté simple de sa façade, l'église de L'Acadie retient l'attention du visiteur par la présence d'un chemin couvert particulièrement développé. Cet organe de circulation sert généralement à relier la sacristie et l'église, afin de permettre aux fidèles de s'y rendre, pour la confession ou pour toute autre raison, sans traverser le chœur et sans avoir à sortir du bâtiment. Le chemin couvert épouse ainsi le contour de l'abside et débouche soit à l'entrée du chœur, soit dans le transept comme à Saint-Denis-sur-Richelieu. 

Cet aménagement protège donc l'utilisateur des intempéries. Dans un climat comme celui du Québec, une telle précaution ne paraît nullement superflue. Pourtant ici à Sainte-Marguerite-de-Blairfindie, le principe est encore plus développé. Construit en 1822 au moment où l'on allonge la sacristie et que l'on bâtit un nouveau presbytère, il relie entre elles les trois composantes architecturales de l'enclos paroissial, l'église, la sacristie axiale et la résidence du curé. Ce dernier pouvait ainsi venir dire la messe en hiver, sans avoir à se vêtir outre mesure. Bien que fort simple, cette petite construction devait grandement améliorer les conditions de travail de ces individus dévoués. On ne retrouve pas au Québec d'autres chemins couverts aussi développés. Par contre, ils sont très fréquents entre la sacristie et l'église.

Bibliographie:
Adair, E.R. et Eleanor S. Wardleworth. « The Parish and Church of L'Acadie », The Canadian Historical Association, 1933, p. 59-73.
Brault, Pierre. L'Acadie et son église, Saint-Jean-sur-Richelieu, Éditions Mille Roches, 95p.
Morisset, Gérard. « L'église de l'Acadie », Cahier de la Société historique de la Vallée du Richelieu, vol. 2 (1953), p. 15-20.
Noppen, Luc. Les églises du Québec (1600-1850), Québec et Montréal, Éditeur officiel/Fides, 1977, p. 114-117.
Noppen, Luc. « Église Sainte-Marguerite-de-Blairfindie », Les chemins de la mémoire, t. II, Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 305-306.