Mike Florian

J’ai commencé à enseigner dans le département en 1968, alors que je travaillais encore à temps plein dans le secteur privé pour Canadian International Paper. Je me suis vite retrouvé confié la direction de onze mémoires de maîtrise. En effet, j’étais seul à enseigner dans le domaine des modèles de recherche opérationnelle et de programmation mathématique.

Six mois plus tard, Jacques Saint-Pierre, qui était le directeur du département, m’a convaincu d’essayer la vie universitaire. J’ai passé un été à finir ma thèse de doctorat et à faire des essais numériques sur l’ordinateur CDC de l’université. Mes programmes étaient alors sur cartes perforées (qui me sont tombées des mains, avec les conséquences que l’on suppose, à plus d’une reprise).

En 1969, j’ai accepté un poste à temps plein dans le département et j’y suis resté 35 ans (!). Le département était minuscule : en plus de moi, on y retrouvait Robert Cléroux, Pierre Robert et Paul Bratley. La charge de travail était à la fois agréable et variée. J’ai enseigné tous les cours sur la théorie des graphes, les flots sur les réseaux et l’optimisation. En plus, j’ai dirigé, pendant les deux premières années, 15 étudiants de deuxième cycle.

Pendant ce temps, notre petit département collaborait sur plusieurs sujets de recherche. L’heure du midi était souvent consacrée à la définition de problèmes théoriques intéressants et à leur résolution. Je me souviens de plusieurs articles rédigés ensemble, et en particulier de la participation de Paul Bratley, qui compensait mes lacunes en programmation en écrivant des codes élégants pour les problèmes d’ordonnancement. Je me souviens aussi d’avoir travaille avec Pierre Robert sur la detection des circuits negatifs.

Comment se souvenir de tous les moments agréables de cette période de la vie au département!

Plus tard, quand le département a offert le programme de troisième cycle, j’ai eu le grand bonheur de diriger plusieurs étudiants brillants qui sont plus tard devenus des collègues de travail, dont Sang Nguyen, Michel Gendreau et Patrice Marcotte. J’ai apprécié grandement l’apport des étudiants tout au long des années, tant à la vie du département qu’à mes connaissances personnelles.

Recherche opérationnelle et informatique

La question se pose : pourquoi intégrer la recherche opérationnelle et le département d’informatique? Y a-t-il un avantage pour les chercheurs en recherche opérationnelle de diriger des étudiants qui ont de fortes compétences en informatique? La réponse est oui. Les modèles de recherche opérationnelle sont mis en application en utilisant des logiciels qui prennent en charge la solution des modèles de recherche opérationnelle. Tout repose sur cette mise en application : soit la solution sera lourde et non conviviale soit elle sera efficace et facile d’utilisation. Le fait que nos étudiants aient réussi à exploiter leurs compétences en développement de logiciels dans la réalisation de projets amène une dimension unique et originale aux résultats de recherche obtenus.

Ce caractère unique du département est par ailleurs au cœur de la réussite du Centre de recherche sur les transports (CRT). Durant les premières années, les réalisations du CRT devaient beaucoup à la contribution de professeurs et d’étudiants du département qui alliaient leurs compétences en modèles d’optimisation et en informatique pour faire de grands progrès dans le domaine de la planification et la gestion des réseaux de transport. J’ai eu le bonheur d’agir à titre de directeur du CRT pour une période de six ans, expérience qui a marqué le reste de ma carrière, tant universitaire qu’extra-universitaire. Ce n’est pas une coïncidence que le CRT a été dirigé par trois autres collègues du DIRO.